Kamel Daoud, le dinosaure

Article : Kamel Daoud, le dinosaure
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30 septembre 2014

Kamel Daoud, le dinosaure

 

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Kamel Daoud, un chroniqueur algérien, vient d’obtenir le 26 septembre le prix des cinq continents de la francophonie pour son ouvrage « Meursault, contre-enquête » en contrepoids à L’Etranger de Camus. Une deuxième récompense après le prix  François Mauriac que vient de lui décerner l’Académie française pour le même livre. L’identité de l’Arabe apparaît enfin sous le personnage de Haroun, le frère de Moussa tué par Meursault sur une plage ensoleillée. Haroun est lui-même étranger à Oran, dans sa propre ville, son propre pays.

Soixante-dix ans après l’acte de Meursault, Haroun, toujours tourmenté, se libère en confiant ses années de souvenirs, de souffrance. L’auteur, Kamel Daoud, rajoute une polémique, quelque peu différente, à toutes celles qu’il égrène dans ses articles sur l’Algérie contemporaine. Il se lance dans la littérature et son essai est un coup de maître ! Son roman concourt également pour le Goncourt 2014 et le Renaudot.

Agé de 44 ans, Kamel Daoud a suivi des études de lettres françaises après un bac en mathématiques. Il a déjà obtenu des prix pour le recueil de nouvelles Le Minotaure.

Les jardins d’Oran et d’Alger

Le roman, Meursault, contre-enquête, apporte le point de vue arabe sur la question de L’Etranger et la présence de Camus pourrait faire encore plaisir à tous les amoureux de la littérature de ce côté-ci de la frontière. Nombre d’Algériennes et d’Algériens, du même âge que Kamel Daoud et plus, reprennent goût à l’écrit romanesque, surtout lorsque cela les interpelle. Des auteurs universitaires de la critique tels Christiane Chaulet Achour, Amina Bekkat et autres Bouba Tabti accueillent Kamel Daoud comme un contre-champ à tout ce qui a été écrit sur Camus à l’occasion du centenaire de la naissance de l’écrivain.

Au moment où le monde débat sur l’extrémisme religieux, l’islam djihadiste et vit l’infernale violence émanant de groupuscules se targuant de détenir la vérité de l’islam, le roman de Kamel Daoud nous réintroduit dans les jardins, non pas de Cordoue ou de Grenade, mais d’Oran et d’Alger, en évoquant l’Arabe, même si un autre type de violence est là, présent, latent. Cependant, quelle différence avec ce qui est enduré en ce XXI° siècle ! Des dizaines de morts au quotidien, quand ce ne sont pas des centaines, des milliers au nom d’Allah ! Heureusement, un dinosaure nommé Kamel est là pour engloutir nos peurs.

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