Annie Steiner la Moudjahida
La Moudjahida, -« maquisarde », « résistante »- de la première heure, Annie Fiorio-Steiner est passée par Blida ce samedi 22 novembre 2014 pour évoquer des souvenirs et revoir le lycée où elle avait fait ses études secondaires avant le déclenchement de la guerre d’Algérie en 1954. Elle avait côtoyé d’illustres héros tels Ali Boumendjel, Abane Ramdane, Benyoucef Benkhedda, Sadek Hadjeres, M’hammed Yazid,… Comble de l’ironie : on lui refusera l’accès à cet établissement sans donner le moindre motif. Il est vrai que c’était samedi, un jour de weekend en Algérie mais le gardien était là, derrière la porte et le proviseur était avisé depuis mercredi de l’arrivée de la Moudjahida. Quelle mouche a piqué ce « responsable » pour maintenir les portes fermées et couper même son téléphone ? L’octogénaire, 86 ans, était venue avec un bouquet de fleurs afin de le déposer devant la plaque commémorative portant les noms de plus de vingt martyrs ayant été scolarisés au lycée Duveyrier de l’époque. Annie était perplexe : « je ne comprends pas cette porte fermée, vous avez bien avisé le personnel ? » demandait-elle de sa voix chantante. Quelques personnes l’accompagnaient et personne ne voulait la brusquer avec une réponse qui dénoncerait un comportement plus que rebutant du proviseur. Il y eut bien une tentative par un quinquagénaire qui a téléphoné à droite et à gauche pour faire « bouger » les choses mais il dût se rendre à l’évidence : « les portes sont restées fermées ! »
Le groupe revint vers la place du 1er Novembre et le fameux kiosque ornant le centre et d’où un palmier continuait à faire bouger ses longues branches qu’un petit vent secouait. Des enfants jouaient au baby foot et Annie s’y attarda un petit moment, se remémorant sans doute ses années d’enfance où les jambes couraient plus que la volonté du corps. Les mûriers encadrant toute la place donnaient de l’ombre en cette heure matinale où le soleil de novembre se laissait encore voir. Une table au café d’El Besseri accueillit l’ensemble avec des boissons chaudes, thé et café, qui ravivèrent encore les souvenirs. Madame Annie Steiner se rappellera alors les calèches tout autour de la place et spécialement dans une des rues adjacentes, l’hôtel d’orient, si célèbre à l’époque coloniale, le jardin Bizot –aujourd’hui jardin Patrice Lumumba- avec ses couples, les fins de semaine surtout, ainsi que certains bals autour du kiosque.
Cette évocation a permis quelque peu de faire oublier la déconvenue du non-accueil au lycée Ibn Rochd et il a été entendu qu’un autre rendez-vous sera pris avec la précaution d’aviser les autorités pour que les portes s’ouvrent afin que les souvenirs se ravivent davantage.
Il est certain que d’ici là, l’association des Anciens Moudjahiddine aura été alertée et que ça sera les notables de la ville qui vont l’accueillir avec des fleurs, et non l’inverse. Il y eut dans un passé récent la visite de Jean Daniel, un autre ancien du lycée et l’accueil qui lui avait réservé fut à la mesure de la renommée du patron du Nouvel Observateur. La bonne vieille femme de 86 ans ne sera alors pas oubliée !
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