JINGO, pour s’imposer en Algérie
Un jeune talent plein de bonne volonté, qui s’accroche, ne s’avoue point battu, mène sa barque voile au vent, tenant le cap pour une production nationale, régionale, personnelle et individuelle.
Amine, la quarantaine, devait fermer son atelier de confection à la suite de l’envahissement du produit made in China. « Les 2 moineaux », entreprise de confection et de broderie, créée en 1996, a dû fermer ses portes moins de dix années après, en 2004.
« Je croyais en le soutien de l’Etat, un soutien qui ne venait pas et après deux années de déficit, je dus mettre la clé sous le paillasson » dira Amine. De l’avis de nombre de ménages à l’époque, ses produits pour enfants étaient d’excellente qualité, meilleurs que le produit importé mais, pour le même prix, « le citoyen algérien préférait le produit étranger, quoique de moindre qualité ». Le complexe du « made in étranger» avait gagné tous les foyers algériens.
« Je dus me mettre à l’importation mais d’une manière étudiée, loin d’être aveuglé par le « fourre-tout » puisque j’élaborais mes modèles en France et je les faisais faire en Chine. Ainsi, je ramenais des produits de Chine qui me revenaient moins chers et que la clientèle algérienne consommait sans rechigner. » Amine a transformé l’entreprise en « JINGO », à consonance occidentale, beaucoup mieux que « Bouzid », un personnage de BD algérienne très célèbre mais qui reste ancré dans la production nationale, avec une devise : « On a tout le temps pour être grand et fort. » C’est l’enfant qui s’habille « JINGO » ou c’est l’entreprise qui se veut patiente avant de s’octroyer des parts de marché ? « Les deux à la fois » assure Amine.
Spécialisé dans la tranche d’âge de 0 à 16 ans, Jingo prend de l’ampleur en quelques années seulement et Amine a déjà ouvert des magasins de détail dans la périphérie d’Alger, à Cheraga notamment et compte multiplier le logo « JINGO » par l’ouverture de magasins à travers tout le territoire national. En attendant, le logo est représenté dans les grandes surfaces telles FAMILI SHOP, UNO et ARDIS. La marque s’affirme et le produit se vend facilement, notamment après l’organisation de salons pour le lancement de modèles comme celui du Printemps-été réalisé dernièrement dans les ateliers à Blida.
« J’ai effectué une demande d’un lot dans la Zone Industrielle depuis trois années, sans résultat ! Pourtant, je crée des emplois, je paie mes impôts et les 2.500 m demandés ramèneraient encore davantage d’activités à Blida même, quand ce n’est pas pour tout le pays.
Les modèles créés sont dignes de figurer dans les magazines et revues de modes. La publicité semble pour l’instant laissée de côté, dans l’attente d’une augmentation de la production et des moyens qui y sont liés.
A l’image de nombre de petits entrepreneurs dans toutes les activités créatrices d’emploi, Amine bute sur l’incompréhension des responsables au moment où la diversification du commerce s’impose, à l’heure où l’encouragement à l’exportation hors hydrocarbures piétine. La bouffée d’oxygène tarde à voir le jour. Cependant, Amine demeure fièrement attaché aux valeurs nationales, étant profondément ancré dans le tissu industriel et commercial de la région de la Mitidja, à Blida où il a vu le jour et où il continue à résider.
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