Amin Zaoui dans un lycée
Il est enfin venu à Blida !
Le romancier en vogue en Algérie, Amin Zaoui, a pu trouver une après-midi afin de satisfaire la demande de jeunes lycéens de classe de Terminales à Blida pour venir échanger avec eux, débattre de multiples sujets et offrir une séance dédicace à la fin. L’auteur, invité par l’administration de l’établissement privé En Nadjah, s’était vite trouvé à l’aise pour étaler une biographie assez riche et orienter le débat, en homme malin, sur les choix idéologiques de ces jeunes qui, au même titre que tous les jeunes en Algérie, ne savent plus à quel(s) saint(s) se vouer. Amin Zaoui dans un lycée, lui qui est habitué des salons littéraires, des universités, des colloques ! « J’ai été subjugué par cette jeunesse » dira-t-il à la fin.
Amin Zaoui, ancien directeur de la Bibliothèque Nationale durant toute une décennie et évincé pour une sombre affaire de visa d’édition accordé en 2004 à Mohamed Benchicou pour son livre dénigrant le président algérien, « Bouteflika,une imposture algérienne », a toujours mis la littérature comme réponse à toute situation. « Festin de mensonges », « Le sommeil du mimosa », « La chambre de la vierge impure », « Le dernier Juif de Tamentit », lui gagnent à chaque fois des milliers de lectrices et lecteurs, des tous jeunes aux retraités et qui le rassurent, à ce qu’il disait déjà en 2013 : « Cela me rassure sur l’existence d’une demande de lecture ».
Cependant, les prix prohibitifs ou hors d’atteinte des bourses moyennes limitent ce nombre. Cela implique tout simplement l’urgence de l’ouverture de bibliothèques en nombre suffisant dans les communes et les écoles. Amin Zaoui dans un lycée : c’est un appel à tous les auteurs pour qu’ils envahissent ces espaces afin de redonner goût à la lecture, imposer le livre aux côtés des smartphones et autres jeux vidéos !
Les romans de l’auteur invoquent beaucoup le premier cercle familial ; Amin Zaoui évoquera devant les jeunes lycéens la mère qui n’avait jamais cessé de lui raconter des histoires, le berçant tout aussi bien que la tante et le père, jusqu’à lui inculquer cet amour pour la lecture, le voyage, l’évasion par les mots. « J’avais toujours les meilleures notes en rédaction, que ce soit en français ou en arabe » écrira-t-il dans « Festin de mensonges », paru chez Fayard en 2007 et traduit en anglais, en italien, en serbe. Il faut dire que Amin Zaoui est un parfait bilingue, étant à l’aise aussi bien en français qu’en arabe et un de ses livres en langue arabe, Le Hennissement du corps, était toujours interdit de diffusion en 1985 pendant que « Le huitième ciel » avait été brûlé par les intégristes.
En 1995, il avait trouvé refuge en France après avoir été menacé de mort. En 2000, il sera nommé directeur de la Bibliothèque Nationale et ce poste ne l’empêchera point de poursuivre ses publications et donner un véritable élan à la BN avec tout un cycle de conférences et de manifestations diverses qui déplairont à la classe politique régnante. Le coup fatal vint également de la conférence donnée par le poète syrien Adonis, son ami.
Son dernier ouvrage, paru en 2016 aux éditions Tafat, « Un Incendie au paradis », évoque les femmes -sujet de prédilection de Zaoui-, les religions et les cultures. « La vie a besoin d’utopie pour souffler le sens du rêve dans les jours et dans les mots » assure celui qui maintient une chronique hebdomadaire, « Souffles », dans le quotidien francophone « Liberté » où il donne rendez-vous à ses admiratrices et admirateurs pour les entretenir sur la société et le monde qui l’entoure, un monde en plein s changements.
Les lycéennes de l’établissement de Blida se sont données à coeur joie pour l’interroger sur ses sujets d’écriture, ses engagements, son style d’écriture et l’auteur s’était dit à l’issue très heureux d’avoir pu vivre ces instants avec cette jeunesse scolaire, la première qu’il eut en face de lui en Algérie.
Commentaires