La rue dit « non » à Bouteflika

Article : La rue dit « non » à Bouteflika
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20 mars 2019

La rue dit « non » à Bouteflika

Depuis plus d’un mois, le 22 février dernier exactement, la rue dit « non » à Bouteflika. Plus encore, toutes les couches sociales rejettent le système politique en vigueur dans le pays depuis juillet 1962.

Un peu d’histoire

Le 19 mars 1962, l’Algérie savourait un cessez-le-feu après sept années de guerre contre l’occupant français. Cependant, le Gouvernement Provisoire (GPRA), de mouvance politique nationaliste, fut écarté par l’armée des frontières dirigée par Boumediène et qui installera Ben Bella au pouvoir. Avant de l’en déposséder trois années plus tard, en 1965. Jamais ne sera alors donnée une chance aux hommes politiques de diriger le gouvernement et toute idée de démocratie, de multipartisme et d’ouverture fut bannie.

Une lueur d’espoir vint avec le soulèvement d’octobre 1988 et l’instauration du multipartisme. Mais les premières élections libres donnèrent la victoire aux islamistes du FIS, victoire volée par l’armée qui avait pris peur. Une décennie noire s’installa dans le pays avec, comme tribut à payer pour la démocratie, près de 200 000 morts.

Mohammed Boudiaf fut ramené du Maroc par le « système » et il eut à diriger le pays de janvier 1992 à la fin juin de la même année, soit durant six mois à l’issue desquels il sera assassiné à Annaba. Jusqu’à ce jour, on ignore tout des tenants et des aboutissants de cet acte.

Bouteflika sera alors rappelé, lui qui avait tout le temps été très proche de Boumediène et il eut une sorte de revanche à prendre !

Le peuple dit « NON ». Ph Mekfouldji

Il restera au pouvoir durant quatre mandats alors que la constitution ne prévoyait que deux mandats successifs. Cette fameuse constitution qui sera encore revue puisque le Président fut victime d’un AVC en 2014, mais qu’il continue à exercer le pouvoir par clan interposé. Finalement, à la veille d’un 5ème mandat pour lequel il s’est encore porté candidat, la rue dit « NON » à Bouteflika !

Tout le monde rejette le système. Ph. Mekfouldji

Depuis le 22 février 2019, chaque vendredi c’est la population dans toutes les grandes villes algériennes qui sort exprimer son rejet. Et c’est par secteurs professionnels que le pays rejette la mafia du pouvoir : avocats, juges, enseignants, médecins, étudiants sortent à tour de rôle exprimer leur ras-le-bol du système.

Bouteflika aura la ruse d’abandonner le 5ème mandat mais opte pour le rallongement du 4ème mandat jusqu’à l’installation d’un gouvernement provisoire et d’une assise pour l’édification d’une seconde république. Là encore, tout le monde rejette l’idée mais les responsables nommés par le président en exercice -en principe jusqu’au 28 avril, date limite avant l’entrée dans l’illégalité- poursuivent leurs rencontres avec les partis et même les capitales des puissances étrangères.

Même les jeunes disent « NON ». Ph. Mekfouldji

Le peuple n’en veut plus et il l’exprime à travers les réseaux sociaux, et pacifiquement, jusqu’à attirer la sympathie internationale.

Chaque vendredi la rue dit « NON ». Ph. Mekfouldji

Qu’en sera-t-il à la fin du mois d’avril ? Le printemps algérien -et non arabe- aura montré sa patience…

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