A Alger, Myriam Sultan, la reine de la musique du Malouf

Article : A Alger, Myriam Sultan, la reine de la musique du Malouf
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21 février 2017

A Alger, Myriam Sultan, la reine de la musique du Malouf

Ce vendredi à la salle Ibn Zeydoun de Riadh El Feth à Alger se produit Myriam Sultan, la reine du Malouf, native de Constantine. Elle est de retour au pays, comme elle le fait régulièrement,  après quelques mois d’absence. Le médecin vétérinaire qu’elle est n’oublie guère qu’elle possède une voix qu’il serait un crime de calfeutrer.

Myriam Sultan, reine du Malouf

La chanteuse excelle dans le genre Malouf de la musique dite andalouse et le regretté Fergani, -décédé au mois de décembre dernier,  grand maître du genre, l’avait encouragée à poursuivre sur cette voie, elle qui n’a pas hésité introduire du rythme, de la joie dans ce style si mélodieux, comme en écho au grand rocher de Constantine, aux ponts et aux ruelles en pente, à la médina… des arrangements qui permettent de brasser large à travers la Méditerranée. Elle a introduit de nouveaux rythmes avec un cran et une assise qui la placent dans la droite ligne des divas Faïrouz, Keltoum, Warda. La basse et le piano côtoient la derbouka, le tar et le violon ! Ainsi, l’oxygénation va permettre de voyager, d’étaler des ponts entre les musiques, les pays, les airs, pour atteindre l’universalité. Elle revient au classique et se dit adepte des deux styles, des deux genres, « en fonction également du public que nous avons en face ».

Triomphe garanti

Tous les derniers récitals sont du genre classique, notamment ses deux passages à Constantine au mois de décembre dernier.

Depuis son plus jeune âge, la virtuose se mettait en évidence dans les fêtes familiales et scolaires et sa belle voix la portera de Constantine jusqu’à Paris, en passant par Marseille où elle s’y trouvait pour des études supérieures de médecine. En dehors du cursus scolaire, elle suivait à Constantine des cours de solfège et de piano, lui assurant ainsi une maîtrise de plusieurs instruments. Elle ose et réussit la composition musicale, l’écriture de ses poèmes et nombre de ses milliers de fans lui en sont reconnaissants, admirant la beauté des vers alliés à des airs enivrants.

« Ton éloignement me torture,
Je passe mes nuits et mes jours à souffrir et à exprimer des sons de douleur… »

Le malouf devient plus rythmé, dansant grâce au choix de passages de noubas arrangés aux sonorités modernes, autant que pour les artistes chanteurs Mbarek Dakhla ou Abdelaziz Benzina.

Très active depuis 1994, voilà un quart de siècle, Myriam Sultan a à son actif plusieurs CD, dont « L’âme et la corde » en 1997, où elle a repris des grands classiques de la musique orientale, Oum Kaltoum en tête. Elle participa l’année d’après, en 1998 au CD de Juan Carmona « Antes ».

Dans le costume traditionnel constantinois

Grand succès en 2000 avec l’album « Waâlache », dont elle signe la plupart des titres. Elle ose dans cet album une composition world music « Waâlache »,  morceau, qui est aussi le titre de l’album et qui obtiendra le premier prix en novembre 2000 Musique du Monde de l’Adami, FCM, France MP3.  Myriam tenta également avec succès une reprise Malouf « Bil hawa ». Elle était lancée et un des maîtres actuels de la musique Malouf, Abdelhakim Bouaziz, l’y encourage. Constantine, la maman, les racines dans toutes leurs profondeurs sont honorées.

Pont mythique de Constantine

Alger avait Fadila Dziria, Qacentina possède désormais Myriam Sultan, un nom prédestiné. C’est la voix sacrée du Malouf, reconnue en tant que telle par tout le monde de la musique andalouse. Même le regretté Fergani qu’elle appelait au téléphone lors de son hospitalisation en France, « voulait qu’on fasse un album ensemble en 2008 ; il demeure toujours vivant, cet homme humble et correct» ne manquera pas de préciser Myriam Sultan.

Avec le regretté Med Tahar Fergani

Depuis un peu plus d’une année, elle retourne au Malouf traditionnel de par l’accompagnement par des orchestres du genre classique, notamment à la mairie du 13° à Paris ainsi que pour le coffret féminin « commandé » par le ministère de la culture algérien à travers madame Ali Khodja. « C’est acoustique à 100% » selon l’artiste ainsi que les deux récitals donnés à Constantine les 15 et 18 décembre 2016.

Sultan chante

Elle n’hésite pas à chanter l’amour, à le sacraliser, l’attente, la patience devant l’être aimé

Le charme de l’être aimé m’a séduit.
Son éveil et son intelligence m’ont subjugué.
Quand il sourit, mes yeux en deviennent ivres.
Oh mes nuits, et ma patience,

L’artiste souriante, sûre    d’elle-même et de son art

Elle chante sa ville également, elle qui y vit désormais éloignée mais y retournant 3 à 4 fois par an :

Que faire ? Dieu m’a infligé l’épreuve de l’amour,
oh ma gazelle et ma beauté, guéris mes blessures.
Séparé de toi, mon corps dépérit,
et je perds toute patience.
Offre-moi le bonheur de te revoir,
D’autres pourront le comprendre comme un hymne à l’amour… les deux se croisent, se rencontrent, …

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Commentaires

Chantou
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Un agréable moment en perspective pour toi ...