Fraternité vous avez dit
Je suis l’aîné des garçons de la famille Mekfouldji Mohamed, une famille où la « fraternité vous avez dit » est de mise aux yeux des gens et je viens d’être accusé d’abus de consommation de courant électrique dans la demeure de nos parents juste après avoir installé mon propre compteur de consommation électrique.
Accusation gratuite
L’installation a été opérée par un électricien confirmé depuis moins d’une année. Auparavant, au temps du compteur en commun, j’avais opéré des transformations dans l’appartement qui m’est alloué (un 4 pièces) depuis mon retour à Blida en 1985, en aménageant un petit bureau à la place du balcon de la chambre à coucher. L’installation eut lieu par le biais d’un beau-frère, électricien, et on vient m’annoncer par le jeune frère que j’ai « traficoté » les fils afin de pouvoir brancher mes climatiseurs dans le compteur de consommation des deux frères. Il me fut juré qu’ils étaient au courant depuis deux trimestres et qu’ils ne voulaient pas m’en parler. A mon étonnement et à mon indignation grandissante, le jeune frère m’asséna : « Je sais que tu es capable de tout ! », ne voulant guère venir vérifier par lui-même la véracité de ses accusations. Il dira qu’il avait procédé à la coupure du courant il y a deux nuits et que « mes » climatiseurs avaient cessé de fonctionner.
Au lieu de venir me le dire sur le champ et que nous vérifiions ensemble, ils me tinrent dans l’ignorance en m’accusant, devant ma petite famille et devant mes neveux et nièces, mes belles-sœurs et d’autres voisins le roublard, le bandit, moi « capable de tout » ! Fraternité vous avez dit !
Droits spoliés
Depuis le décès de notre père en 2002 et, avant, de ma mère, en 1993, je n’ai jamais demandé un droit. Tout le palier du rez-de-chaussée est occupé par le jeune frère, seul avec sa petite famille. La cave est occupée à plus des trois quarts par les deux frères, pour diverses activités et on dit que « je suis capable de tout » ! Aucun partage n’a été opéré, fraternité oblige, et j’ai installé l’eau, l’électricité et le gaz pour moi-même afin d’être tranquille, sur mes propres deniers et on vient me dire aujourd’hui que « je suis capable de tout ». Le local à usage commercial que je visais a été « subtilisé » par le jeune frère qui avait instauré le tutorat au nom de toute la fratrie dès le décès du père.
Ainsi, nous n’avons vu que du feu et le magasin attenant (une librairie), ouvert du vivant de mon père, sera fermé, par dégoût, surtout que je venais de perdre un garçon de 17 ans, atteint de cancer. Depuis le temps que je parlais, gentiment, du partage, on me rétorquait que les papiers de la propriété n’étaient pas encore en règle. Ce n’est que ce jour, 28 septembre 2016, qu’on me dit que la procédure est en cours et que le jeune frère a payé 30.000 DA de sa poche. Tous les frais doivent être partagés, je n’ai pas besoin, personnellement, d’aumône.
En somme, l’installation du chauffage, de l’électricité, de l’eau et toute la robinetterie m’avaient coûté plus de 45 millions de centimes ! L’aménagement du petit bureau à la place du balcon et l’installation de l’équipement m’étaient revenus à dix millions de centimes. Ayant la dalle au dessus, je dus faire face, dans cette propriété commune aux travaux d’étanchéité, me faisant débourser une facture de six millions de centimes. 610.000 DA (~3.500 euros) au total, dépensés sans dire un moment, au nom de la fraternité.
Prix des liens du sang ?
Aussi, comment parler d’un climatiseur –de 9000 BTU- branché par un beau-frère, involontairement et à mon insu, au moment où la bâche d’eau construite par le père m’avait été interdite le jour où j’ai « pompé » de l’eau parce que ma conduite était à sec depuis cinq jours ? Pouvons-nous traiter de « frères » des êtres agissant ainsi ? On me dit ce jour que je pouvais –sur le champ- prendre tout l’étage du bas, équivalant au double de la superficie du premier étage mais il fallait le dire avant ! Pas maintenant, pas après une telle dispute !
Moi qui « suis capable de tout » publie cette mise au point afin que l’hypocrisie familiale soit mise à jour. Sourire aux gens lors des rares moments où nous nous rencontrons ensemble, me pèse. J’ai même choisi de passer les fêtes de l’Aïd Adha avec les beaux-parents afin de ne pas avoir à contenir un malaise qui risquait d’exploser. « Fraternité vous avez dit » : Non ! Pas ainsi, jamais plus !
Moi qui « suis capable de tout », l’aîné des garçons, sourit en cette veille de l’année hégirienne, le seul à ne pas avoir encore été Hadj.
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