Le cimetière chrétien à Blida à l’abandon
Le cimetière chrétien de Blida est laissé à l’abandon et les morts sont sans défense ! Pourtant, l’ambassade de France avait promis l’emploi à temps plein de trois jardiniers…
Déjà, en 2005, lors du déplacement des restes de personnes de confession chrétienne des cimetières de bourgades des environs de Blida comme Ouled Yaïche et Chiffa, le Consul général de France en Algérie avait évoqué le renforcement du personnel d’entretien du seul cimetière encore « en activité » : celui de la rue Yousfi Abdelkader à Blida.

Douze ans après, le cimetière laisse voir une forte végétation, des caveaux profanés, des saccages faisant honte à la France et à l’Algérie. Des élèves de Terminales, venus faire une sortie d’études, ont été témoins en ce mois d’avril de l’état d’abandon et ont été choqués de voir les trous béants de certaines sépultures : « pourquoi ? »

L’histoire véhiculée par les tombes, les caveaux et les sépultures, à travers les noms de familles, les dates, les ornements, les « œuvres d’art » devrait être préservée par tous.

Constat amer de jeunes lycéens
« Je n’aurais jamais pensé qu’un tel travail de sculpture pouvait exister à l’intérieur ! » s’étonne Akila avant que Mustapha ne jette un coup d’œil par l’ouverture d’une tombe. Tous deux se révoltent de l’absence de défense pour ces os, ces êtres humains aujourd’hui décédés.

Cimetière chrétien : des tombes chargées d’histoire
Pourtant, les imprimeries Mauguin, Orta, les familles Daniel, Martinez conservent encore des souvenirs de leur passage à Blida à travers des noms de lieux, des noms de magasins, et Esma, jeune fille née en 2000, bien après l’indépendance du pays donc, revendique cette part d’histoire de la ville et voudrait bien écrire ces pages afin que la mémoire demeure. Le colonialisme français avait institué des cimetières par dizaines dans la Mitidja, riche pleine qu’il s’agissait de mettre en valeur. L’arrivée des colons depuis 1842 encouragea la construction d’églises, de chapelles, d’écoles et…de cimetières pour ces nouveaux arrivants.
Le départ des colons en 1962, à l’indépendance de l’Algérie, ne pouvait être accompagné de leurs morts et il s’agissait alors de faire respecter ces lieux par l’Ambassade de France. Au fil des années, l’abandon caractérisé donna lieu à des scènes de saccages, de profanation, non pas pour une différence de religion, non pas par vengeance, mais par vandalisme gratuit. Tout lieu abandonné favorisant son occupation par des groupuscules de désœuvrés, de laissés-pour-compte de la société.

Aujourd’hui, les cimetières des villages environnants ont été vidés de leurs os et les espaces libérés versés au domaine public avec édification d’espaces verts.

Cependant, nulle excuse ne pourra justifier le cimetière chrétien à Blida à l’abandon, maintenant qu’il demeure le seul à être pris en charge.
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