L’action culturelle se meure à Blida
« Tout acte est culturel. »
Le peintre plasticien Denis Martinez, rencontré ce mercredi 6 novembre à Blida, s’est montré en peine devant l’absence d’animation culturelle dans sa ville d’adoption.
« Rien ne me rappelle les années fastes de 60 et 70. Où est Abderrahmane Setofe ? Depuis sa mort et les changements subis par la ville et même le pays, rien ne bouge du côté culturel. On ne connaît que la musique andalouse ! » Il renchérit : « Placette Ettoute regorgeait de jeunes et moins jeunes qui devisaient spontanément sur le devenir du pays, qui organisaient des tables rondes sans y être invités. » Pour l’artiste, « Blida se devrait de se réveiller ! La matière est là, je veux dire la jeunesse. Pourquoi cette énergie juvénile ne pense qu’à aller se faire tuer en mer ? Combien de jeunes échappent à la voracité des eaux et des requins ? Qu’est-ce qui empêche les responsables de la ville d’attribuer des espaces à ces jeunes pour qu’ils s’éclatent, qu’ils expriment leur ras-le-bol à travers des pièces de théâtre, de la musique, de la peinture, du mime, de la chorale ? »
La matière première, pour Martinez, demeure l’humain, « c’est une pâte que nous pouvons modeler à notre guise et lui faire aimer cette terre nourricière, ces montagnes, ce littoral, ces villes dont l’âme a disparu. » L’implication des parents et du monde de l’éducation est plus qu’un cri d’alarme au moment où le XXIème siècle est bien entamé.
Pour le Blidéen d’adoption, il suffit de quelques espaces, peu de moyens et des hommes de bonne volonté pour redorer le blason d’une ville qui a enfanté tant d’artistes. Il n’y a qu’à évoquer Baya, Dahmane Benachour, Abdelkader Kessoum et d’autres que nous n’allons pas citer tous.
C’est vrai qu’une ville de plus de 300 000 habitants se doit de posséder un théâtre, une galerie, des salles de projections. Denis Martinez citera Tlemcen où il avait séjourné dernièrement et « qui renaît à la chose culturelle, Tizi Ouzou et toute la Kabylie où des manifestations culturelles imposent leurs présences et la population suit, voit, lit, achète. En un mot, la chose culturelle fait partie du quotidien et il n‘est nullement attendu que des responsables fassent bouger les choses. »
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