La discrimination en Algérie

Article : La discrimination en Algérie
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29 mars 2016

La discrimination en Algérie

L’Algérie, pays très vaste avec plus de 2,3 millions de kilomètres (dont 2 millions de Sahara), est limité au sud par des pays au PNB (produit national brut) par habitant plus que bas. Les citoyens, qui aspirent à des lendemains meilleurs, se déplacent vers l’Algérie qui leur ouvrira sans doute les portes de l’Europe. Cependant, l’étape algérienne n’est pas facile à vivre ! Remonter tout le Sud algérien (près de 2.000 kilomètres) ne se fait point sans embûches, sans entraves, sans difficultés. Pour arriver à Alger, la capitale du pays ces immigrés (sans statut de réfugiés) passent par Blida, une ville à 50 kilomètres d’Alger, dans la plaine de la Mitidja.

Avoir du mal à attirer l'attention et... la générosité des automobilistes
Avoir du mal à attirer l’attention et la générosité des automobilistes

Les familles rescapées des routes pleines d’aventures, marquent une « pause » qui peut aller de quinze jours à six mois. Tant que ces êtres habillés très simplement, ne font pas l’objet de renvois à la frontière, ils sont là à quémander de l’argent dans de simples tasses tendues aux automobilistes, aux principaux croisements de la ville.

Apostropher d'autres femmes dans la rue, la solution ?
Apostropher d’autres femmes dans la rue, la solution ?

Femmes et enfants accourent vers les voitures à l’arrêt aux feux pour espérer récolter quelques dinars. Devant les mosquées, d’autres familles espèrent, en dehors de l’argent, que les musulmans (la ville est musulmane à pratiquement 100%) leur apportent des repas à la prière du milieu du jour et, parfois, à la prière du soir.

Il s s'attroupent pour manger sur les trottoirs
Ils s’attroupent pour manger sur les trottoirs

Avec les intempéries, certains jeunes venus du Niger et du Mali voisins, se protègent avec de petits parapluies, fruits également de l’aumône blidéenne. Questionnés sur leur origine, les adultes ne veulent pas –ou évitent de- répondre. Les jeunes de 15 à 30 ans, sont curieusement absents de ces mouvements de foule africaine. Travaillent-ils dans les chantiers ça et là ? Nul ne le sait et ceux qui sont embauchés dans les terres agricoles à la périphérie de la ville, sont « cachés » par les arbres et la haute végétation. La police locale affirme à travers quelques-uns de ses représentants que le recrutement de ces Africains est illégal mais ces derniers ne possèdent point le statut de « réfugiés ». Selon un membre d’une association de bienfaisance locale, leur octroyer le statut de « réfugié » contraint l’État à leur verser un pécule. Or, on entend dire ou on lit de temps à autre à travers les journaux, que la police a organisé des « descentes » dans les refuges d’Africains pour les déloger et les renvoyer dans leurs pays respectifs.

Seule au soleil, en quête d'un geste de miséricorde
Seule au soleil, en quête d’un geste de miséricorde

Pour le moment, la situation demeure floue mais il est facile d’observer chez l’Algérien son déni de l’Africain « noir », évitant de lui serrer la main, de le considérer tout simplement comme un être humain. Ces familles du « quart monde » ne sont point dangereuses pour la sécurité du pays mais les gens de Blida ne les approchent point, à part quelques associations humanitaires liées à la religion. Les étudiantes et étudiants africains de Saad Dahlab, la grande université de Blida (constituée de plus de 40.000 habitants dont des centaines d’africains venus du Bénin, du Niger, du Mali, du Tchad, voire du Sénégal et de Côte d’Ivoire) ne sont point sensibles au désarroi de ces citoyens africains qui ne demandent pas l’impossible : quelques pièces de monnaie et de la nourriture. Ils se débrouillent comme ils peuvent pour le gîte dans des baraquements et des tentes –par ces temps très froids- aux limites de la ville qu’ils « envahissent » (c’est le terme utilisé par un élu local) dès la levée du jour. Des jours qui se répètent indéfiniment sans qu’un horizon stable soit entrevu.

Elles sont là les mères, avec beaucoup d'enfants
Elles sont là les mères, avec beaucoup d’enfants

Les autres pauvres de la ville arrivent quant à eux à se faire prendre en charge pour une douche, un repas chaud ou une couverture. En revanche, le « Noir africain » fuyant la misère de son pays ne trouve pas une oreille attentive. Que dire lorsque des groupes entiers sont agressés comme c’était le cas dernièrement à Béchar ? Y aura-t-il une réponse claire de l’État à cette discrimination raciale devenue trop criarde ? Wait and see.

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